Le potentiel gazier et pétrolier du Québec remonte à l’époque de Jacques Cartier. On raconte qu’il a même utilisé le goudron provenant des écoulements naturels de pétrole pour réparer ses navires. A cette époque, le pétrole jaillissait à la surface naturellement, notamment à l’embouchure du fleuve Saint-Laurent, dans la péninsule gaspésienne.
Le potentiel des bassins gaziers naturels au Québec a aussi été découvert au début de l’histoire du Québec. Le gaz naturel s’écoulait de lui-même et pouvait prendre feu à partir de sources naturelles. Par exemple, ce phénomène a été observé dans les Sables de Lotbinière ainsi qu’à la “fontaine du diable”, une source de gaz naturel jaillissant en permanence du sol aux abords de la rivière Saint-Maurice.
Les agriculteurs ont aussi observé rapidement la présence de gaz naturel dans leurs puits à eau. Ils ont développé des techniques pour utiliser à bon escient le gaz naturel découvert dans leur forage. Cette activité était souvent appelée “le gaz des fermiers”, mais son développement et sa marchandisation ne représentaient pas un potentiel économique suffisant.
À cause de l’existence de méthane dans les nappes d’eau douce souterraines, un cadre législatif et réglementaire pour la construction des puits d’eau a été mis en place au Québec. Ce cadre législatif vise à assurer que le gaz naturel soit ventilé de façon sécuritaire dans l’atmosphère. Une planification et une manipulation incorrectes des puits pourraient permettre au gaz naturel de s’infiltrer dans des installations où il pourrait y avoir un danger d’inflammation. En effet, le méthane n’est pas un gaz néfaste pour la santé humaine, mais possède des propriétés inflammatoires.
L’industrie pétrolière et gazière a pris note de ces écoulements naturels et les agriculteurs ont réalisé l’existence de bassins d’hydrocarbures au Québec.
Évidemment, il y avait déjà des informations et des études géologiques disponibles au Québec. Sir William Edmond Logan – géologue montréalais et premier responsable du relevé géographique du Canada - a confectionné une importante carte géologique du Québec au milieu du XIXe siècle. On a donné son nom à la plus haute montagne du Canada, le mont Logan (5959 mètres), ainsi qu’à la ligne de Logan, un corridor d’exploration des schistes gazifières au Québec.
L’industrie a mené des études additionnelles et a commencé à forer selon la carte de Logan dans le but de découvrir des réservoirs à capacité commerciale. À cette époque, le gaz naturel n’était pas considéré comme un produit commercial et était souvent perçu comme un déchet de la production pétrolière.
Le premier puits réalisé dans les basses-terres du Saint-Laurent remonte à 1867, mais le premier programme sérieux d’exploration a été réalisé par Shell dans les années 50 et 60. Une grande partie des informations et des relevés cartographiques est basée sur cette recherche. Shell a identifié quelques indices démontrant l’existence de bassins gaziers naturellement fractionnés, mais a été incapable de démontrer l’existence de bassins commercialisables.
En 1969, la Société québécoise d’initiatives pétrolières (SOQUIP) a été créée afin d’explorer la présence d’hydrocarbures dans le sous-sol québécois. Lors du premier mandat du gouvernement de René Lévesque (1976-1981), la SOQUIP est certes mandatée pour prendre le leadership de l’exploration, mais le gouvernement Lévesque élargit sa vocation en y ajoutant la mission de développer l’industrie et de produire des hydrocarbures. L’objectif du premier ministre était alors d’accroître l’autonomie et l’indépendance québécoise en matière énergétique. Les conclusions des études de la SOQUIP, après d’importantes dépenses monétaires, ne conduisent pas à l’existence de réserves suffisantes. En fait, seulement deux zones à faible capacité d’exploitation ont été trouvées. On considère que ces travaux de la SOQUIP représentent le deuxième programme sérieux d’exploration. Aujourd’hui, ces réservoirs sont utilisés pour le stockage du gaz naturel.
Au milieu des années 80, le gouvernement a conclu que les risques de l’exploration gazière et pétrolière étaient gérés de façon plus efficace par le secteur privé. Il a donc décidé d’adopter le modèle international d’émission de permis d’exploration basée sur la volonté réelle de mettre de l’avant des programmes de développement au lieu du modèle américain de mise aux enchères, ce dernier n’étant pas conditionnel à un engagement de recherches actives. Par ailleurs, le modèle actuellement en vigueur au Québec est celui qui a aussi été adopté par un des chefs de file de l’industrie, la Norvège.
En 1985, le docteur Micheal Pick, convaincu du grand potentiel en gaz naturel des basses-terres du Saint-Laurent, a fondé Terrenex. Les industries Bow Valley (maintenant Talisman) et Amerada Hess (maintenant Suncor) ont joint Terrenex dans la troisième phase importante de l’exploration au Québec. Malgré la découverte d’un potentiel et d’un champ gazier considérable dans les schistes de l’Utica, Terrenex n’a pas trouvé de réservoirs commerciaux.
En 2000, Terrenex a fondé la compagnie Questerre afin de mettre l’accent sur une exploration et une exploitation des gaz de schiste en Amérique du Nord, principalement au Canada. Leurs premiers projets se sont concentrés dans les basses-terres du Saint-Laurent et la péninsule gaspésienne. En 2005, Talisman s’est impliqué dans l’exploration avec cinq techniques pour trouver des nouveaux types de réservoirs. En 2006, le puits Gentilly a été mis en action avec succès, ce qui en fait le premier puits permettant une exploitation satisfaisante de gaz de schiste au Québec.
En 2007, Junex et Gastem ont attiré Forest Oil au Québec en mettant de l’avant le potentiel gazier des schistes de l’Utica. Les premiers puits complétés ont été forés par Forest Oil, Junex, Gastem et Questerre au début de 2008. Bien que présentant un succès initial, ces premiers puits n’ont pas démontré un potentiel suffisant pour une production à haute intensité.
À l’été 2008, Talisman et Questerre ont examiné une autre zone des schistes de l’Utica au puits de Saint-Édouard. Les conclusions démontrent alors que cette zone possède un fort potentiel de gaz naturel. Plusieurs puits de forage ont été construits dans cette région par plusieurs partenaires de l’industrie avec des résultats différents.
La découverte récente des schistes de l’Utica, après plusieurs décennies de travail et d’exploration, représente un potentiel commercial important. Malgré que les études effectuées offrent une compréhension limitée du plein potentiel du gaz naturel d’Utica, les derniers développements suggèrent que le potentiel gazier soit de 20 mille milliards de pieds cubes (Tcf) de gaz naturel récupérable, ce qui serait suffisant pour répondre à la demande et à la consommation québécoise pour plus de 100 ans.